Portrait alumni #29 : Pierre Bourdier, power rangers aguerri

Interview alumni - Pierre Bourdier

Pierre Bourdier est un passionné. Quand il se lance dans un sujet, il y a va à fond. Il n’a pas peur de jongler entre plusieurs diplômes pour parvenir à ses fins. Depuis le début, son truc à lui c’est l’énergie. Dans ce domaine il aura testé plusieurs professions pour trouver ce qui lui plait. Juriste au CEA, cabinets d’avocats, chargé de mission Lois et réglementations, il a finalement aujourd’hui décidé de s’éloigner un peu de la technique pour s’intéresser au pilotage avec un rôle de chef de projet.

 

Salut Pierre ! Peux-tu nous en apprendre un peu plus sur ton parcours académique ? Si c’était à refaire, qu’est-ce qui changerait ? Plutôt bon élève ou dernier rang ?

Pendant mon Bac S,  je me suis rendu compte d’une chose ; les métiers à enjeux politiques et sociaux m’attiraient beaucoup plus que les sciences. J’ai donc décidé de faire la Licence de Droit et Sciences politiques de l’Université Lyon III. C’était avant tout la science politique qui m’attirait. Cependant, le droit me semblait apporter une expertise technique utile et complémentaire, ce qui s’est vérifié par la suite.

J’ai enchaîné avec un M1 de droit international (public) en échange à Carleton University, Ottawa, Canada, puis un M2 de Droit et gouvernance des énergies à l’université Aix-Marseille. J’avais en effet envie de travailler dans le droit de l’environnement. Mais, afin de me démarquer dans une discipline très à la mode, j’ai souhaité me spécialiser encore davantage. J’ai donc ciblé les énergies qui sont pour moi le nerf de la guerre. Ce M2 était un Master pro, donc avec réalisation d’un stage de fin d’année et un rapport de stage. J’ai réalisé ce stage au CEA, au sein du Comité technique Euratom, pour définir et défendre la position de la France sur les négociations de textes européens en matière d’énergie nucléaire. Parfait mélange donc de droit, de politique et de relations internationales, dans le domaine de l’énergie. Je précise que ce M2 est co-habilité par l’université Aix-Marseille et l’Institut National des Sciences et Techniques du Nucléaire, hébergé par le CEA. La formation a donc (ou avait en tout cas) un volet nucléaire bien plus important que pour les autres énergies, ce qui est regrettable, même si c’était passionnant.

 

Les côtés positifs et négatifs de mon parcours

Je suis satisfait de mon parcours donc peu de choses à modifier. Simplement pour mon M1, je regrette d’avoir trop fait confiance au service relations internationales de ma fac car celui-ci m’a très mal orienté. Je pense que si je m’étais débrouillé seul (ce qu’ils nous déconseillaient de faire), j’aurais sans doute pu intégrer un programme plus pertinent. Mais heureusement au Canada le système est assez flexible et ouvert pour que chacun puisse sélectionner ses cours et se faire un programme sur mesure.

Je dois l’avouer, mon M2 m’a aussi beaucoup déçu dans son caractère peu professionnalisant, mais je crains que ce ne soit le lot de beaucoup d’établissements français. En sachant ça, je me serais peut-être davantage tourné vers un LLM ou une formation en alternance (dont l’offre en droit en 2013 était néanmoins assez faible).

 

Et du coup Pierre, comment tu es devenu Chef de projets Energies renouvelables ?

Dans un premier temps…

J’ai alterné quelques stages et missions en interim au CEA et en cabinets d’avocats, histoire de tenter l’expérience. Depuis le début je n’étais pas très attiré par le métier d’avocat mais je ne voulais pas me fermer la porte sans avoir tenté. De nombreuses personnes ont pu me confirmer que le statut d’avocat permettait d’accéder à de meilleurs salaires, même en tant que juriste/responsable juridique en entreprise.

J’ai donc effectué mon stage au CTE (CEA) (Saclay, donc depuis Paris) pendant 4 mois, en tant que chargé de mission affaires européennes ; puis un stage chez Gide Loyrette Nouel en droit des énergies, droit de l’environnement et droit de l’urbanisme. Suite à mon stage, le CEA m’a proposé une mission d’intérim de 6 mois. C’était en lien avec la Direction juridique et la Direction des relations internationales, très enrichissante. J’ai ensuite refait deux très courts stages chez Serres Associés puis CMS Francis Lefebvre. Puis je suis retourné au CEA pour une nouvelle mission de 6 mois dans le même format.

Par la suite…

J’ai fait un break de 2 mois de voyage et suis revenu pour une dernière mission au CEA, à nouveau au CTE, à la place de ma tutrice de stage de deux ans plus tôt. Ce poste étant pérenne, il a été décidé au bout de quelques mois de l’ouvrir en CDI. Mon souhait initial était de travailler dans les énergies renouvelables (je me suis en premier lieu intéressé au nucléaire et aux ENR via Greenpeace à la fac !). Je voulais aussi voir autre chose comme type d’entreprise et de poste. Alors, j’ai préféré tenter ma chance ailleurs et ne pas m’engager tout de suite dans une mission de long-terme. J’ai alors commencé à envoyer des CV et découvert une offre proposée par France Energie Eolienne, pour laquelle j’ai candidaté. En quelques semaines, c’était plié ! Un des avantages de l’intérim étant le préavis raccourci à 2 semaines…

Et pour finir !

J’ai alors commencé une nouvelle page chez France Energie Eolienne, association professionnelle représentant plus de 300 entreprises éoliennes actives en France, auprès du gouvernement et du grand public. En tant que Chargé de mission Lois et réglementations et Environnement, j’ai eu à traiter des principales problématiques rencontrées en développement de projets. Après presque 3 ans à ce poste, j’ai eu envie d’aller voir ce qu’il se passait sur le terrain et aller moi-même porter des projets. Cette association étant au coeur de la filière éolienne, j’étais en contact constant avec les entreprises de développement et leurs employeurs.  J’ai ainsi pu discuter directement avec eux de leurs perspectives de recrutement. C’est ainsi que j’ai récemment rejoint mon entreprise actuelle, en tant que Chef de projets EnR.

 

Tu travailles sur quel type de projet et avec quel type de client en ce moment ? C’est quoi ton métier concrètement ? 

Je vais parler de mon poste actuel et de mon précédent chez France Energie Eolienne (FEE) puisque le changement est tout récent et que je saurai donc moins parler de mes nouvelles responsabilités.

Chez France Energie Eolienne :

    • Ma mission : Dans une logique top-down, suivre l’actualité et les travaux à l’échelle nationale voir européenne et redescendre les informations pertinentes au niveau des opérateurs c’est à dire ceux qui déploient l’offre éolienne. Dans une logique bottom-up, compiler les enjeux de développement ou d’exploitation rencontrés par les opérateurs sur les thématiques qui me concernent (biodiversité par exemple). Et aussi organiser au besoin une démarche de la filière. Pour faire simple, c’est ce qu’on appelle des affaires publiques ou du lobbying, même si ce mot fait peur en France. Ex. : suivre l’actualité législative et identifier les textes susceptibles d’impacter positivement ou négativement la filière, puis, si nécessaire, préparer des propositions d’amendement sur la base d’une consultation de nos membre.
    • Quel type de projet : Côté juridique, projets de textes législatifs et réglementaires. Côté environnement, suivi à échelle macro des processus d’autorisation des projets éoliens et suivi ou lancement de projets de recherche scientifique.
    • Quel type d’interlocuteurs : l’administration centrale (ministères et directions techniques), l’administration décentralisée (Préfectures, DREAL), opérateurs (membres de l’association), associations de protection de l’environnement (LPO, WWF, FNE…) et bien sûr le public, pour nos démarches de communication et de pédagogie.
    • Concrètement ? On coordonne et structure les acteurs éoliens pour porter la voix de la filière. Plus concrètement ? Beaucoup de mailing et de coups de file. Beaucoup de réunions (participation ou organisation et animation), avec une finalité passionnante et des interlocuteurs constructifs et motivés (pour la plupart !).
    • Journée type : 9h : Vérification des mails et du fil d’actu pour s’assurer qu’il n’y a pas d’événement chaud de dernière minute (déclaration d’un ministre ou autre) qui risque de nous mobiliser sur la journée; 9h30 : Tri des mails en répondant au plus urgent, simple et utile; 10h30 : Diffusion (mail) aux membres concernés des nouvelles informations pertinentes et importantes (ex. : publication d’une nouvelle étude sur les éoliennes et la biodiversité) ou des prochaines réunions à prévoir ; 14h : Participation à ou animation d’une réunion (ex. : Groupe de travail sur les Projets participatifs) ; 16h : Préparation de la présentation d’une prochaine réunion ; 18-19h : Traitement d’une question de fond ou consultation d’interlocuteurs pertinents à ce sujet.

 

Chez Voltalia :

    • Ma mission : Développer des projets éoliens ou solaires.
    • Quel type de projet : Parcs éoliens ou solaires.
    • Quel type d’interlocuteurs : élus locaux, propriétaires fonciers (souvent en milieu agricole notamment), riverains de projets. Mais aussi, services instructeurs (DREAL, armée…), associations, gestionnaires de réseaux, autres opérateurs ENR.
    • Concrètement ? 1) Travail d’analyse cartographique (SIG) pour identifier des zones possibles d’implantation; 2) Visite de site (déplacements en voiture ou train en région voire partout en France 2 jours par semaine); 3) Travail de concertation avec les élus et la population locale; 4) Suivi d’études techniques menées par des prestataires; 5) Préparation d’un dossier de demande d’autorisation et suivi du dossier.

 

Et plus tard, tu te vois où ?

  • Différentes options sont possibles :
    • Même mission mais avec la responsabilité de gérer une équipe de chefs de projets (Responsable régional ENR par exemple).
    • Ou, même mission mais partiellement ou intégralement à l’étranger.
    • Ou encore, même mission mais dans un autre domaine ? (Transport, efficacité énergétique, autre…)

 

Un conseil à donner aux jeunes (et moins jeunes) qui cherchent leur chemin ?

  • N’hésitez pas à être atypique et faites-en votre force.
  • N’hésitez pas à tenter différentes choses en début de carrière. L’intérim offre pour ça un cadre parfait. En effet avec un salaire souvent plus important qu’en CDD et une prime d’intérêt en fin de mission. Cela offre aussi un préavis plus court, et du chômage au terme de la mission.
  • Gardez le contact avec vos camarades de promotions et vos employeurs successifs.
  • Tentez l’expérience à l’étranger si ça vous attire, en étude ou après, gage d’un gain énorme de maturité et d’autonomie.