Portrait alumni #15 : Adrien Puyfagès, un juriste multi-casquette

Adrien Puyfagès , comme 98% des élèves de Terminale, ne savait pas quoi faire. Mais depuis qu’il a trouvé sa voie dans le juridique et compris que son épanouissement passait par un job multi-tâche, il a trouvé son équilibre. En plus d’être juriste en droit social pour un cabinet d’avocats, il participe au développement de celui-ci en accélérant sa digitalisation. Il travaille à renforcer leur image d’expert grâce à la réalisation de podcasts et autres infographie informatives. Un poste clé qui mériterait d’être développé dans plus de cabinets d’avocats.

 

Bonjour Adrien ! Peux-tu nous en apprendre un peu plus sur ton parcours académique ? Plutôt bon élève ou dernier rang ?

Salut Laura ! En 2013 je suis en Terminale S et je ne sais pas trop quoi faire après le lycée. Plusieurs amis partent en fac de médecine pour tenter la fameuse PACES (Première Année Commune aux Etudes de Santé) alors je décide de les suivre sans grande conviction.

Bon, ce ne fut clairement pas une réussite… Mi-janvier aux résultats du premier semestre, deux choix s’offrent à moi : Soit me mettre (enfin ?) à travailler, soit me réorienter. Le choix était vite fait et je me suis inscrit à l‘Ecole de droit de Clermont-Ferrand, mon second choix sur APB (l’ancien Parcoursup).

Parfois je regrette un peu de ne pas m’être donné les moyens de réussir ma PACES, mais cet échec me forgea et me força à me remettre en question. En réussissant toute ma scolarité sans trop de problème, je n’avais pas forcément conscience des enjeux liés au cursus et je pense qu’il était nécessaire que je me prenne cette claque pour me pousser à travailler.

En parallèle de mes études, j’ai travaillé comme vendeur dans une enseigne de prêt-à-porter pendant six ans (environ 15h/semaine). Septembre 2016, alors que j’entre en L3 droit privé et que je découvre le droit du travail, je suis élu délégué du personnel au sein de mon magasin, une instance représentative du personnel. C’est le déclic. Alors que je ne souhaitais absolument pas faire un master trop classique (droit civil, administratif, affaires, pénal, etc) j’ai totalement changé d’avis sur l’image que je me faisais du droit du travail et je me suis orienté vers le M1 droit social de l’Université Clermont Auvergne. Ainsi que vers le Diplôme Universitaire professionnalisant « Droit du travail approfondi et dialogue social ».

A la suite de cette année, j’ai été sélectionné pour intégrer le M2 droit social de l’UCA où j’ai pu rencontrer de nombreux intervenants professionnels (DRH, conseiller prud’homal, avocat, syndicaliste, conseiller honoraire à la Cour de cassation, etc). Cette formation m’a offert une vision beaucoup plus large de la matière. Par ailleurs j’étais président de l’association du M2, Horizon Social, et l’une de ses principales actions est d’organiser un colloque dont le thème de l’édition 2019 était « Configurer le CSE par la négociation collective ».

J’étais toujours pleinement intéressé par les cours dispensés et j’ai souvent eu de très bons enseignants. Pourtant, j’avoue que mes notes auraient pu probablement être meilleures si je m’étais davantage investi dans mes révisions. Ce n’est qu’à partir du Master que j’ai commencé à vraiment m’organiser, jusqu’à obtenir une mention Assez-Bien en M2.

 

Et du coup comment tu es devenu juriste au sein d’un cabinet d’avocats ?

J’ai fait mon stage final au sein du cabinet Barthélémy Avocats, à Clermont-Ferrand. Avant d’arriver ici, je pensais passer le CRFPA pour devenir avocat et acquérir une certaine légitimité. Puis me tourner vers une legaltech ou vers un cabinet très axé technologie car j’ai toujours été passionné d’innovation. Je me suis immédiatement entendu avec mon maître de stage, Jean-Julien Jarry, qui devint par la suite mon responsable direct. Conscient des enjeux à venir, le cabinet était en pleine phase de digitalisation. Et c’est dans cette dynamique qu’ils souhaitaient recruter un profil orienté droit et technologie, correspondant aux projets en plein développement.

A savoir que Me Jarry, en complément de son activité de conseil en droit social, dirige le SRD (Service Ressources et développement). Il encadre par ailleurs le pôle digitalisation. A la fin de mon stage, il me proposa d’intégrer pleinement la structure en tant que juriste. Mais mon quotidien est bien plus large que ça.

 

Tu travailles sur quel type de projet et avec quel type de client en ce moment ? C’est quoi ton métier concrètement ?

Mon activité se divise en deux parties.

La première est assez classique. Je conseille les employeurs en droit social : questions par mail, consultations, rédaction d’actes et de notes, etc. Globalement, tout ce que fait un avocat sauf la partie judiciaire. N’étant pas titulaire du CAPA, je ne plaide et, pour l’instant, je ne conclue pas de dossiers. Nos clients sont majoritairement des DRH ou RRH de PME et ETI. Mais nous conseillons aussi quelques groupes internationaux et des branches professionnelles.

La seconde est plus originale et englobe des tâches assez variées autour du digital comprenant :

  • La production de podcasts juridiques : De la participation aux travaux d’écriture à la mise en ligne en passant par l’enregistrement et le montage, la sortie de chaque épisode de « L’Instant Social » est toujours intéressante. Réussir à résumer chaque semaine l’essentiel de l’actualité en droit social, le tout de manière attractive et en moins de 5 minutes, peut sembler difficile. Mais c’est vraiment un exercice formateur !
  • La conception d’infographies juridiques. De manière assez régulière, nous faisons des infographies sur différents thèmes comme les congés payés (acquisition, prise et fractionnement), les réunions du CSE, les procédures d’instruction en cas d’AT/MP, etc.
  • La création de supports de formation. La formation représente une activité importante pour le cabinet, nous participons donc activement à son développement. D’ailleurs, un projet d’envergure verra très prochainement le jour.

Ces différentes tâches sont réalisées selon la méthode du legal design. C’est à dire que l’on se met à la place de l’utilisateur pour comprendre ses besoins et lui apporter du contenu pratique et adapté. Cette méthode favorise grandement la compréhension et la mémorisation des informations, que ce soit pour nos clients, pour les étudiants (lorsque les avocats du cabinet interviennent en licence, en master ou à l’école des avocats). Ou pour les personnes qui nous suivent sur LinkedIn (grâce aux podcasts et aux infographies).

En apprendre davantage sur le legal design

En plus de ces tâches opérationnelles, nous effectuons une veille permanente. Tant sur les innovations liées domaine juridique que sur l’évolution technologique en général. Toutes les découvertes peuvent potentiellement nous servir.

Mes journées s’organisent donc autour de ces deux activités. En règle générale, mes deadlines les plus larges concernent la partie digitalisation. Le podcast sort chaque mercredi. Et les infographies sont publiées dans des revues et doivent donc respecter le rythme de parution. Je gère au quotidien les impératifs plus « juridiques » (consultation écrite, téléphonique… ). Une journée plutôt calme sur le plan conseil va me permettre de grandement avancer sur la production de contenus numériques pour le cabinet.

 

Et plus tard, tu te vois où ?

Avant toute chose, je dois prendre de l’expérience pour devenir un conseil juridique totalement autonome. A ce moment-là, j’envisagerai de tenter l’examen dit « article 98-1 » pour devenir avocat sans CAPA au titre de l’article 98 du décret n° 91-1197 du 27 novembre 1991. En effet, même si je m’épanouis actuellement en tant que juriste-conseil, je pense, à terme, vouloir faire du judiciaire.

En-dehors de l’obtention de ce titre, je souhaite grandement développer la partie numérique du cabinet. La profession d’avocat vit une réelle crise de confiance de la part des justiciables. Il est à mes yeux essentiel de renouer avec eux en facilitant l’accès au droit. Le domaine juridique n’est pas un bien précieux que seuls les érudits se doivent de conserver. C’est un savoir qui se doit d’être partagé.

 

Un conseil à donner aux jeunes (et moins jeunes) qui cherchent leur chemin ?

Lorsque j’étais étudiant j’avais parfois du mal à me rendre compte de l’étendu des professions juridiques. On nous répète sans cesse que le droit offre de nombreux débouchés. Mais nous ne voyions que trop peu de professionnels en-dehors des classiques avocats/notaires/magistrats. Il est donc essentiel de se renseigner par soi-même sur les différentes opportunités qui attendent les étudiants à la fin de leurs études.

De plus, je recommande fortement d’avoir quelque chose en plus de la fac pour valoriser son parcours. Devenir membre d’une association (ou la créer), écrire sur un blog, participer à des événements comme les concours d’éloquence, faire du tutorat, etc…

 

Si vous souhaitez que l’on échange ensemble autour de vos expériences, je vous invite à me contacter sur LinkedIn via mon profil !