Lisa Revol, 25 ans, Lyonnaise et d’origine tunisienne, est une entrepreneuse alumni de l’IAE de Lyon. Elle est passionnée par tout ce qui touche le multiculturalisme et la découverte en général. En 2016, elle rentre d’une année d’échange en Inde avec des idées pleins la tête, l’envie de changer les choses et de conserver le lien fort qu’elle a tissé avec le pays. En créant Azaadi, elle a voulu à la fois soutenir les petits artisans isolés de l’Inde, et vous faire partager sa passion pour ce merveilleux pays. À la recherche de sens, elle a décidé de développer un projet qui pourrait rassembler toutes ses passions : l’Inde, le voyage, la nature, l’humain et la mode.
Azaadi est une marque de mode éthique et solidaire qui signifie »liberté » en hindi. Créé en janvier 2018, notre volonté est de soutenir économiquement et durablement les artisans indiens avec qui nous travaillons. Et cela en pérennisant un salaire juste. Ce sont des vêtements fabriqués à partir de tissus teints naturellement ou recyclés et bijoux indiens revisités au goût occidental.
Salut Lisa ! Peux-tu nous en apprendre un peu plus sur ton parcours académique ? Plutôt bon élève ou dernier rang ?
Élève très moyenne, endurante et qui aime prendre son temps : j’ai mis huit ans à avoir mon master ! J’ai fais cinq ans d’études en licence MSH (Management et Sciences Humaines), dont une année d’échange en 2015-2016 a l’IIM Lucknow (Indian Institute of Management). Ensuite trois ans en Master EDEN (Entrepreneuriat et Développement des Entreprises Nouvelles) à l’IAE de Lyon ! Je voulais faire des études en école de mode. Mais par manque de moyens financiers et crainte de ma mère sur les débouchés pro, elle m’a guidé pour faire des études plus ‘’générales”’ en économie qui puisse ‘’toucher à tout’’… C’est pourquoi je me suis retrouvée à l’IAE Lyon 3, après mon bac L dans la région lyonnaise.
Je me suis sentie très longtemps à côté de la plaque dans ce cursus. On nous tenait le discours que l’on était fait pour travailler dans des banques ou PDG de grosses entreprises multinationales. C’était loin de mes attentes professionnelles. Et cela ne correspondait pas à mes valeurs et mode de vie que je souhaitais suivre. C’est pourquoi j’ai décidé d’effectuer ma troisième année de licence en échange en Inde (j’avais 21 ans). J’avais besoin de voir autre chose, avoir un nouvel air. C’était une évidence pour moi de partir là bas… On me demande souvent pourquoi. Et bien c’est parce que je me suis écoutée et j’ai senti que c’était là bas que je devais aller. Cela m’a plutôt bien réussie puisque je me suis découverte, émancipée et j’ai trouvé ma voie professionnelle.
Aujourd’hui, quand je regarde en arrière, je réalise que suivre ces études de gestion et de management a été finalement un bon choix. Cela m’a poussé à me poser des questions sur notre système économique et à mieux le connaître. Ça m’a construit et permis de savoir ce que je ne voulais pas, pour tendre vers ce qui me correspondait.
Comment tu es devenu dirigeante ?
Ce sont beaucoup de choses réunies qui m’ont mené à créer mon métier. Ça a commencé par beaucoup de rencontres et échanges avec des personnes qui m’ont inspirées : les parents d’une amie proche, des amis avec qui j’ai grandi, la grande soeur de ma meilleure amie, des professeurs, un ancien patron et manager, ma mère, des rencontres spontanées, mon fiancé, des créatrices de mode engagées (Anais Shivani de Damoiseaux), des créateurs d’entreprises inspirants : Rami Dahdah du Bieristan, lors des voyages en Inde…
Ce qui m’a permis de créer mon entreprise, c’est également mon parcours scolaire. Et tous les éléments qui gravitent autour de la vie étudiante ! Que ce soit mes cours, mon professeur de philosophie au lycée, mon échange en Inde ou encore mes petits boulots d’étudiante (particulièrement quand j’ai travaillé chez Pandora et Biocoop). Aussi, il y a les loisirs comme mes voyages, des livres (Siddharta de Herman Hesse, L’art d’aimer de Erich Fromm), ma passion pour la mode et les beaux tissus. Enfin, s’ajoute à cela le plaisir de faire le maximum de bien autour de moi (je suis très philanthrope sur les bords). Et mes prises de conscience sur le monde qui nous entoure…
Tu travailles sur quel type de projet et avec quel type de client en ce moment ? C’est quoi ton métier concrètement ?
J’ai créé une marque de mode éthique et solidaire de A à Z donc ça passe par une multitude d’étapes :
- Développer une image de marque et faire de la communication sur les réseaux sociaux
- Conceptionner une collection de mode : choisir les tissus, passer commande, suivre la commande, créer les modèles (patrons) et prototypes des vêtements.
- Produire la collection : partir en Inde pour la développer avec les artisans (valider les prototypes, organiser la production via un cahier des charges, suivre la production, s’accorder sur les prix des confections) et expédier les colis.
- Organiser ou participer à des événements pour vendre et se faire connaître (par exemple défilés, boutiques éphémères, marchés éco-responsables). Cela demande toute une logistique pour transporter le stock et la prise en compte de l’achalandage des stands.
- Tisser des liens avec des acteurs afin de créer des collab’ pour organiser des événements ou une collection de mode,.
- Communiquer avec sa communauté en créant du contenu. Cela requiert d’avoir une casquette de directrice artistique pour les shoot éditorials et shoot produits (en studio). Ensuite je peux créer des fiches produits pour le site internet.
- Fédérer et recruter en développant des fiches de postes et en apprenant à déléguer aux nouveaux membres qui ont rejoint le projet.
Je fais du BtoC pour l’instant donc mes clients sont des particuliers que je croise sur les événements de vente (plus de 1000 clients aujourd’hui). Nous sommes en train de développer notre stratégie pour passer prochainement en BtoB.
Ce qui est dingue c’est que tout ce que j’ai fait aujourd’hui. Je n’avais aucune compétence dedans (sauf la vente). J’ai tout appris sur le tas en fonction de ce que je devais faire pour développer mon projet. Et j’ai su bien m’entourer (une des mes principales qualités). Ce que j’adore, c’est échanger avec les clients, conceptualiser les collections, passer du temps en Inde avec les artisans, faire la direction artistique des photos shoots, créer des événements autour du projet, travailler avec les personnes qui m’accompagnent aujourd’hui. A l’inverse, ce qui est difficile pour moi c’est plutôt de m’occuper de la logistique, de l’installation des événements et devoir constamment être sur les réseaux sociaux…
Aujourd’hui, j’apprends à déléguer auprès des nouveaux membre de Azaadi ce qui est passionnant et rassurant. Et à la fois très compliqué à mettre en place (formaliser et structurer).
Et plus tard, on fait quoi ?
Plus tard, j’espère arriver à définir clairement les postes pour que tout le monde soit autonome et responsable sur ses tâches. Nous souhaitons développer Azaadi pour créer de l’emploi autant en Inde qu’en France. Nous avons une vision BtoB claire et définie dans le but d’être plus proche de nos valeurs et développer le projet. A long terme, nous souhaitons créer plus d’emplois dans les régions défavorisées indiennes en leur apportant de nouveaux clients. Nous serions donc les intermédiaires sous-traitant d’autres marques de mode éthique qui souhaiteraient produire auprès des artisans Don Bosco. Nous souhaitons aussi créer une entreprise Azaadi en Inde. Afin de développer la marque sur le marché indien ainsi que mieux gérer la production sur place.
Un conseil à donner aux jeunes (et moins jeunes) qui cherchent leur chemin ?
Sans le vouloir, j’ai beaucoup écouté mon intuition dans mon choix de parcours professionnel. Il est très important de s’écouter et de se faire confiance, personne ne sait mieux que vous où est votre place. Il est important de prendre du recul et observer toutes les perspectives qui s’offrent à vous. Et ne pas s’arrêter seulement aux choix des études que vous avez fait (d’ailleurs on a écrit sur ce sujet). Intéressez vous aux autres et inspirez vous d’eux. Soyez curieux. Et surtout restez authentique dans votre manière d’être. Tout en étant capable de vous remettre en question (connaître et gérez votre égo).
Si vous souhaitez contacter Lisa Revol, voici le lien vers son Linkedin.
