Retour sur six mois de mentorat professionnel

“Fais toi les dents dans une grande boîte avant d’entreprendre”. Mais alors, comment ça se passe pour ceux qui, comme moi, commencent par la case entrepreneuriat ? Comment peut-on assurer notre montée en compétences ? C’est la question que je me suis posée six mois plus tôt. Une interrogation qui hante également des salariés ambitieux, pour qui entrer dans une dynamique d’amélioration continue leur fait gagner en motivation et en confiance ! Et si le mentorat professionnel faisait partie de nos nouvelles résolutions ?

 

Le mentorat professionnel : késako

Le mentorat professionnel pourra certainement assouvir votre besoin de montée en compétences. Ce mode d’apprentissage repose sur une relation d’échange  entre deux personnes, de deux entreprises différentes : un mentor et un mentoré. Instauré dans les années 80’ au Canada, le mentorat était mis en place pour garantir une rapide montée en compétence des jeunes “espoirs” au sein d’une entreprise. Heureux étaient les élus de ce programme ! A l’époque, le jeune recrue était alors mentoré par un cadre dirigeant de la même entreprise.

Aujourd’hui, nous parlons davantage de mentorat inter-entreprise pour plusieurs raisons :

  1. s’ouvrir à la diversité et ne pas s’enfermer dans des schémas de pensées 
  2. croiser des compétences
  3. évoluer dans une relation hors champ hiérarchique
  4. développer le soutien informationnel et psychologique
  5. élargir le réseau

 

Ainsi, l’ingrédient principal d’une bonne relation de mentorat se trouve dans le matching entre les deux sujets.

 

Le fit mentor – mentoré 

J’ai recensé quelques questions qu’on a pu me poser après 6 mois en tant que mentoré.

 

Qui était ta mentor ? Faut-il privilégier ressemblance ou diversité ?

Ma mentor, Pascale, est en grande partie ce que je ne suis pas et c’est ce qui a contribué à ma sortie de zone de confort et donc à ma montée en compétences. J’imagine que former un binôme dans un même domaine peut également être très porteur pour l’intégration dans un réseau. En revanche, cela expose votre relation à des conflits d’intérêts, des non dits, voire de la concurrence.

 

 Pascale Moi
Profil / domaine :scientifique et recherche//commerce et gestion
Expérience :20 ans +//Jeune diplômée
Entreprise :2300 salariés//6 salariés
Environnement :Paris//Province

 

Quelle était votre relation ?

Nous avons une relation professionnelle de proximité, d’égal à égal, d’adulte à adulte, basée sur le partage d’expérience et de savoir. Pascale n’est pas ma coach, ni ma supérieure hiérarchique. Elle prend la posture d’accompagnant, comme un guide ! Ce qui a consolidé les liens est notre totale transparence et la bienveillance. Concrètement, on se tutoie et on communique sur nos joies et moments de doutes. On est humain quoi.

 

Dois-je payer mon mentor ?

Non ! Cela doit être une initiative volontaire et gratuite avant tout de la part du mentor. La relation de mentorat n’est pas à sens unique. Chaque partie apporte quelque chose de nouveau à l’autre. Le mentoré est également un vecteur de développement personnel et de montée en compétences pour le mentor.

 

Comment trouver mon mentor ?

L’intérêt du mentorat professionnel est de croiser des univers différents tout en gardant idéalement un ou deux points communs. Par exemple, le fait d’être tous les deux entrepreneurs ou bien de provenir de la même école. D’ailleurs, en moyenne, 33% des anciens étudiants d’écoles se disent volontaires pour devenir le mentor d’un plus jeune diplômé issu du même établissement. La plateforme alumni de votre établissement scolaire contient peut-être cette fonctionnalité. Cela  vaut le coup d’aller jeter un œil pour éventuellement vous faire accompagner. 

Autrement, vous pourrez trouver sur internet plusieurs programme de mentorat en fonction de votre situation (Moovjee pour les jeunes entrepreneurs, Le Mentorat.fr, etc)

Pour ma part, j’ai eu la chance d’être sélectionnée par Miss Mandarine, une start up qui s’occupe de mettre en relation de jeunes entrepreneurs avec des dirigeants de grands groupes.

 

L’organisation de la relation de mentorat professionnel

 

L’importance du cadre temporel

Avant toute chose, nous avions fixé un cadre temporel de 6 mois à notre relation. Il faut savoir qu’en moyenne ce type d’accompagnement dure plutôt un an. Après tout, mieux vaut prolonger que de se sentir pieds et mains liés ! Afin de maintenir une régularité, indispensable à mon goût, nous avons fixé un point hebdomadaire de 30 minutes tous les lundis matins. Je trouve que c’est un rythme très soutenu car entre chaque échange se passe la mise en œuvre opérationnelle de ce qui a été dit précédemment. Si c’était à refaire, j’opterais plutôt pour un rythme 2x 30min par mois à partir du deuxième mois (le temps de poser les bases de la relation).

 

Les objectifs de départ

En parlant de bases, Pascale et moi avons tout de suite défini le scope de l’accompagnement. En d’autres termes, j’ai réfléchi et proposé trois grands objectifs de départ :

  • Développer ma posture de dirigeante et mes compétences en management
  • Concilier vie perso et organisation de travail
  • Développer le volet commercial de Datalumni

Plusieurs objectifs sont essentiels car lorsqu’un projet était en cours d’exécution sur plusieurs semaines, nous avancions en parallèle sur un autre thème. Veillez à ce que votre mentor accepte de travailler sur ces objectifs.

 

Les échanges

Vous l’aurez compris, le premier mois permet de poser les fondements de la relation et notamment de poser le diagnostic du mentoré, de l’entreprise et de son environnement. Beaucoup d’informations sont à ingurgiter pour le mentor. Soyez à l’écoute de ses questions -parfois “naïves”. Si ce n’est pas clair pour votre mentor, se cache alors probablement un dysfonctionnement dans votre projet. 

Avec le recul, je dirais que la moitié de nos avancements ont été  le fruit de questions qui auraient pu paraître banales initialement. Pour m’en rendre compte, je prenais systématiquement le temps d’écrire une synthèse de nos points avec au minimum une chose que j’ai apprise (oui oui, il y a toujours une leçon à tirer d’un échange de 30 minutes).

 

L’auto-évaluation

Enfin, nous avons pris le temps deux fois en six mois d’évaluer notre relation en elle-même : où en sommes-nous par rapport aux objectifs de départ ? Quels sont nos besoins ? 

Pour nous aider à progresser nous avons utilisé un un outil simple pour nous auto évaluer : le KIDS. 

  • Keep : ce qu’on garde de notre relation
  • Improve : ce qu’on améliore
  • Delete : ce qu’on arrête de faire
  • Start : ce qu’on commence à faire dès aujourd’hui

Voilà de quoi entrer dans une dynamique d’amélioration continue, pour que chacun y trouve son compte !

 

Les apports pour le mentoré

Je souhaiterais m’étaler sur les apports pour le mentor mais je pense que je le ferai mieux lorsque j’aurai expérimenté un jour ce rôle. C’est pourquoi je vais plutôt parler des bénéfices du mentoré.

 

Des apports durables en fonction de la posture du mentor

Pour que les apports de cette relation soient durables, le mentoré doit garder en tête que son mentor doit avoir une posture d’accompagnant et non d’aidant. Je devais pouvoir trouver moi-même la bonne solution, sans qu’elle me soit livrée sur un plateau. Par exemple, face à un problème, Pascale me questionnait, me partageait son expérience sur le sujet et parfois me soumettait plusieurs propositions. Avec tous ces ingrédients, et la connaissance parfaite de l’environnement de la problématique, je réussissais à trouver LA solution. D’ailleurs le rôle du mentoré est de signaler à son mentor lorsqu’il se place en tant que donneur de “solutions tout en un”. Souvent les mentors se prédestinent vers des métiers d’accompagnement de dirigeants ou de formateurs, c’est pourquoi ils attendent de vous un retour sur leur accompagnement.

 

Le développement personnel

Après six mois d’accompagnement par ma mentor, j’ai gagné en développement personnel. A travers ces questions et ses prises de recul sur des situations énoncées, Pascale a été mon propre miroir. Je connais davantage mes points forts et mes points faibles. En quoi est-ce utile ? Et bien derrière tout ça, j’ai affiné mon projet professionnel en mettant en place un plan de formation et des outils pour m’épauler sur mes axes d’amélioration. Aussi, je suis nettement plus à l’aise avec moi-même, mes missions et dans le management de ma team.

 

Le partage de réseau

Pascale a joué un rôle important d’intégrateur dans un réseau bien différent du mien. Ma mentor faisant partie du ministère de la recherche spatiale à Paris..  Vous vous imaginez bien qu’elle m’a sortie de ma caverne des montagnes ! J’ai eu l’occasion d’échanger avec différents profils et le bouche à oreille nous a ouvert un nouveau marché. Toutefois, il faut bien avouer que le réseautage a été compromis durant cette crise Covid. Je n’ai toujours pas eu l’occasion de la rencontrer en personne.

 

Le rôle psychologique

Enfin, outre toute la partie de développement de compétences, le mentorat apporte un soutien informel. Le mentor encourage et sécurise le mentoré dans les périodes difficiles. Les temps d’échanges sont parfois un sas de décompression rassurant. Bien que l’on garde une affectueuse distance, personnellement je suis pour l’expression des émotions dans le monde pro : elles favorisent l’empathie et les liens. On n’est pas des robots !

 

Mon retour sur six mois d’expérience de mentorat professionnel est difficilement condensable en quelques paragraphes. C’est pourquoi, si vous êtes convaincu ou tout simplement curieux, je vous invite à échanger sur ce sujet via mon Linkedin. J’espère pouvoir écrire un jour un article sur le rôle de mentor, voire même sur le mentorat inversé !