Flore Lombardy exerce une profession paramédicale peu connue des lycéens. Elle est orthoptiste. Son rôle est de dépister, analyser et traiter les différents troubles visuels moteurs. Pour devenir orthoptiste, il faut avant tout réussir un concours d’entrée sélectif car l’accès à la profession est régi par un numerus clausus. L’école se déroule ensuite en 3 ans et vous offrira la possibilité de devenir salarié ou alors d’ouvrir votre propre cabinet. Zoom sur une profession en expansion.
Salut Flore ! Peux-tu nous en apprendre un peu plus sur ton parcours ? Qu’est-ce que tu fais aujourd’hui ?
En règle générale j’ai toujours été plutôt bonne élève sans avoir à fournir de gros efforts. J’étais même du genre plutôt « rebelle » avec un comportement qui ne collait pas avec mes résultats… En résumé bonne élève mais assise au dernier rang pour rigoler.
J’ai obtenu un bac S sans redoublement et avec mention assez bien. J’aimais beaucoup les maths. Ce bac m’était indispensable pour entrer en école d’orthoptie. L’admission se fait sur un concours basé essentiellement sur le programme de terminale S. Pour être parfaitement au point je suis passée par une année de préparation aux concours paramédicaux. J’ai réussi le concours dans différentes villes et me suis retrouvée à Paris pour les 3 années nécessaires à l’obtention du diplôme d’état de capacité d’orthoptie.
Il me paraît évident que mon enfance et le contact fréquent avec cette profession a eu une influence sur mon parcours. En effet, j’étais attirée par le médical mais la sélection et les trop longues études de médecine m’y ont rapidement fait renoncer. Le paramédical m’a paru être adapté à mes ambitions. La démarche du métier consistant à évaluer une situation, une douleur, un problème puis de l’analyser pour trouver une solution thérapeutique est très intéressante.
C’est quoi ton métier concrètement ?
Concrètement aujourd’hui mon métier d’orthoptiste consiste à accueillir un patient, à faire l’anamnèse de son motif de consultation. Pourquoi a t-il pris rendez-vous ? Qu’est ce qui l’a poussé à consulter ? La première étape est de cibler ses besoins et ses attentes.
Ensuite je dois choisir et faire les examens nécessaires pour déterminer l’origine de ses maux. En fonction des résultats, je les analyse, et propose donc des solutions et les communique à l’ophtalmologiste qui mettra en place un traitement adapté.
Ce qui me plait dans mon métier c’est de devoir résoudre un problème, d’apporter au patient une réponse, une solution qui le soignera au mieux. Ce sentiment d’aide est très valorisant. Je me sens « utile ». L’aspect qui me déplait est ce côté « rentabilité », faire du chiffre avec la santé. Parfois devoir privilégier la quantité à la qualité. Cet aspect « usine » me dérange dans ce contexte soignant.
Et plus tard, on fait quoi ?
En tant qu’orthoptiste nous pouvons déjà choisir entre le salariat et le libéral ou même concilier les deux. Les spécialités sont variées et permettent d’acquérir de nouvelles expériences tout au long de notre carrière. Sans compter que l’ophtalmologie est un domaine en pleine évolution aussi bien grâce aux nouvelles technologies qu’aux décrets donnant aux orthoptistes de plus en plus de responsabilités et de diversifications d’exercice.
Il n’y a malheureusement pas beaucoup d’évolution possible dans ce métier déjà très spécialisé. Malgré des formations complémentaires nous garderons toujours le statut d’orthoptiste. L’expérience professionnelle est la plus formatrice. Des diplômes universitaires pour se spécialiser et approfondir un thème particulier existent. Avec ce diplôme le niveau licence est acquis. Un master en management médical ou en rééducation est possible. L’enseignement est une autre possibilité ou l’école des cadres à l’hôpital.
En termes d’études et d’évolution nous pouvons comparer cette profession à celle d’infirmière.
Personnellement j’aimerai pouvoir m’installer et gérer mon propre cabinet, être à mon compte, travailler à mon rythme et dans des conditions qui me sont propres. Avoir du temps et ne pas consacrer ma vie entièrement à mon travail.
Cela sera envisageable lorsque j’aurai trouvé le lieu idéal où le faire. Je souhaite privilégier un cadre de vie sain et agréable au quotidien.
Un conseil à donner aux jeunes (et moins jeunes) qui cherchent leur chemin ?
A mon avis aucun parcours n’est tracé d’avance. Nos expériences de vie, nos rencontres influencent énormément nos choix.
Et puis ce n’est pas parce qu’on s’est lancé dans une voie qu’on ne peut pas en changer. Mon métier voit chaque année des personnes en reconversion professionnelle reprendre leurs études. Soit pour devenir orthoptiste, soit l’étant et souhaitant se diriger vers autre chose, souvent de totalement différent.
Je pense qu’un niveau d’étude est nécessaire pour commencer mais après les chemins sont infinis. Il existe le « compte de formation = CPF ». C’est un droit de formation obligatoire qui est personnel et financé par chaque employeur. Il peut être utilisé dans son domaine de compétences tout comme comme dans un secteur totalement différent.