Chaque année des milliers d’étudiants se heurtent au même problème, l’orientation scolaire, avec comme but, ne surtout pas faire d’erreur de formation. Et pourtant, l’élève n’a que très peu de temps – et d’aide – pour choisir. Ne pas se réorienter signifie connaître dès ses 17 ans ce que tu veux faire et ne jamais changer d’idée. Personnellement mon parcours est loin d’être aussi simple et il m’a fallu du recul pour comprendre que ce n’était pas une erreur. Alors faisons ici un petit topo sur la question.
Des freins à la réorientation
Ces dernières années, on note une évolution des mentalités concernant la réorientation. Et pourtant, qui ne s’est pas demandé comment expliquer à ses parents son erreur de formation et son envie de changement ? Changer en cours de route est encore très mal vu ! “Tu as déjà changé une fois, il faudrait arrêter de perdre ton temps.”, “Cette filière a des débouchés alors tu devrais t’accrocher.”, “Tu viens de commencer, tu ne connais pas toutes les possibilités et tu pourra toujours voir après les études.” Ce sont beaucoup de phrases qui sont répétées aux lycéens et nouveaux étudiants. Beaucoup n’osent alors pas sauter le pas de la réorientation.
Passer sa vie dans ses études
Faire des études en enseignement supérieur implique d’y passer quelques années. Et de plus en plus de personnes visent un Bac+5. Donc cumuler les “erreurs” d’orientation signifie terminer ses études “tard” et ainsi repousser son année d’embauche. Les adultes déjà dans le système, mettent une pression d’autant plus grande sur leur entourage et leur enfants sur ce sujet. À juste titre, beaucoup de parents finançant les études de leurs enfants veulent voir celles-ci se terminer assez rapidement. De même, dans les mentalités, finir plus tôt ses études permet de cotiser rapidement et de rembourser son éventuel prêt étudiant au plus vite pour ensuite épargner et donc assurer sa sécurité financière. En France, aller vite dans ses études est rassurant c’est pourquoi l’année de césure est encore (et malheureusement) peu utilisée. Quelqu’un qui fait de “bonnes études” a son Master en 5 ans sans aucune pause ni réorientation.
L’argent ne pousse pas sur les arbres
Le financement des études se fait de plusieurs manières. Parmi elles, c’est souvent les parents qui aident en fournissant un apport financier au cours des études de leur enfant. Cela restant difficile dans le cas des familles nombreuses, il reste l’éternel job étudiant, exercé en parallèle des études. Pour pallier cela, des aides ont été mise en place, tel que la bourse sur critères sociaux. Elle est calculée sur trois critères qui sont les revenus des parents de l’année précédente, le nombre de frères et sœurs dans l’enseignement supérieur (en formation initiale) et la distance à l’établissement.
Le nombre d’années pris en charge est au maximum de sept mais avec un maximum de 5 ans pour couvrir la Licence. Cela reste limité si l’on décide de tester plusieurs formations.
Dans mon cas, ma deuxième Licence n’était plus couverte entièrement et il m’a fallu travailler. De plus, les aides ne prennent pas en compte les situations au cas par cas, et beaucoup d’aides restent financièrement insuffisantes pour prendre en charge le loyer et les besoins de bases de l’étudiant.
Comment capitaliser sur sa réorientation ?
La polyvalence à la clé
Ce que chaque formation nous apprend est toujours positif ! Ce n’est jamais une erreur d’acquérir de nouvelles compétences. C’est à chaque fois un pas en avant vers un futur qu’il faut laisser ouvert aux opportunités. C’est parfois la combinaison de ses compétences qui fera décider un recruteur entre deux dossiers qui se valent ! L’emploi trouvé peut se trouver à des années lumière de ce qui était envisagé durant les études. Mais la polyvalence est une qualité recherchée par les recruteurs, spécialement ceux de plus petites entreprises dont chaque employé revêt plusieurs costumes. Avancer un parcours divers peut retenir l’attention, si cela est défendu judicieusement.
Et de plus en plus de jeunes choisissent des études plus longues. Ils se retrouvent ainsi nombreux sur le marché du travail à rechercher des mêmes postes. C’est un point que les recruteurs ont compris et posséder un diplôme n’est plus suffisant. Ils recherchent dorénavant un profil et non une formation. Savoir « se vendre » en mettant en avant ses compétences acquises est un point important. Il faut toujours nuancer puisque certaines écoles fonctionnent encore au prestige mais cela reste des exceptions, avec évidemment un coût. Avoir fait ses études dans ces écoles n’est pas la seule porte d’entrée pour trouver le job de tes rêves alors fais un vrai point sur tes compétences, acquises durant tes différentes formations mais aussi dans ta vie de tous les jours ! Tout réside dans la préparation. N’hésite pas à bien travailler un entretien en amont et à miser sur un CV de qualité.
Des visions différentes ailleurs
Les changements d’orientation ne sont pas perçus de la même manière en fonction du pays. Alors qu’en France, la réorientation reste un problème, à l’étranger c’est un signe d’ouverture d’esprit et de curiosité ! Si en France beaucoup de pratiques comme la césure sont vues négativement, elles sont au contraire plus courantes dans d’autres pays. Pourquoi ne pas tenter de chercher un job à l’international ?.
Par ailleurs, le manque d’expérience n’est pas perçu de la même manière. Et cela permet de démarrer sa carrière en pratiquant une autre langue. Et moins de la moitié des travailleurs expatriés reviennent par la suite, cela prouve bien que parfois l’herbe est plus verte ailleurs.
Se construire un réseau
Changer de formation, c’est explorer un nouveau milieu et faire de nouvelles rencontres. Et quoi de mieux pour alimenter son réseau personnel ? Avoir un réseau à la fois varié et important est un vrai atout. Les chiffres parlent d’eux-mêmes, un emploi sur trois se trouve grâce à son réseau (d’anciens ?). Le faire grandir assure ses chances de trouver l’opportunité rêvée ! Et pas de soucis, même si c’est une opportunité, rien ne n’empêche de changer par la suite. Reste ouvert aux possibilités, comme pour les études. Il ne faut pas oublier qu’afin de garder son réseau, il est nécessaire de l’alimenter et de le faire vivre !
Que retenir de toutes ces informations ? Si je devais résumer, je dirais que rester embourbé dans des études qui ne te plaisent pas est vraiment dommage face à toutes les formations disponibles. Et au final, un diplôme ne te permet pas de ne faire qu’un seul métier. Tout dépend majoritairement de ta personnalité et de ton réseau. Il faut oser. Au final, nous sommes nos plus grands pourvoyeurs de freins au passage à l’action. Il est donc essentiel de prendre le taureau par les cornes et de se donner les moyens de ses envies. “Et tout devient possible”.. De plus, les métiers évoluent. Ce sont tes compétences acquises au quotidien qui construiront ton métier de demain et pas nécessairement ta formation.
Et pour finir sur la citation classique de Confucius « Choisis un travail que tu aimes, et tu n’auras pas à travailler un seul jour dans ta vie ».