Portrait alumni #31 : Emma Sylvestre, le social au coeur de ses ambitions

Voici une belle interview qui met en avant une réorientation réussie ! Initialement dans le marketing, Emma prend le virage du social à suite de signaux qui ne trompent pas. À l’écoute et dévouée pour autrui, c’est tout naturellement qu’elle s’est dirigée vers le métier d’Éducateur spécialisé. Emma travaille au quotidien avec des mineurs isolés étrangers dans le but de les accompagner vers leur autonomie.

 

Peux tu nous en apprendre un peu plus sur ton parcours académique ? Plutôt bon élève ou dernier rang ?

Je dirais que je me situais dans la moyenne de la classe. J’ai fais un bac STG option marketing et ne sachant pas quel domaine m’intéressait particulièrement, j’ai décidé de m’orienter vers un DUT GACO (Gestion Administration et Commercialisation) qui semblait être une suite logique après ce bac.

Ce DUT était intéressant mais je n’éprouvais aucune motivation. Le fait qu’il y ait peu de cours obligatoires ne m’aidait pas à m’investir. Après avoir validé le premier semestre de justesse, j’ai tout de même décidé de l’arrêter ne percevant aucune perspective de métier pouvant me plaire dans ce domaine. Cette décision n’a pas été facile à prendre car j’avais peur de regretter mais aussi car cela a accentué un sentiment d’échec et donc mon manque de confiance. J’ai donc travaillé à l’usine pendant six mois le temps de réfléchir à un avenir pouvant mieux me correspondre.

Suite à des recherches et des échanges avec des personnes de mon entourage exerçant dans le secteur du social, j’ai souhaité effectuer une formation de CESF (Conseillère en Economie Sociale et Familiale). Celle-ci est possible grâce à un BTS suivi d’une troisième année visant l’obtention du diplôme d’état de CESF. Lors de ces trois années d’études, je peux dire que j’étais plutôt bonne élève et je pense que cela est simplement lié au fait que j’étais passionnée par l’approche que l’on fait du social.

A partir du moment où l’on est captivé par ce que l’on apprend, les études se vivent moins comme une obligation voir même parfois comme une corvée. Nos idées, nos choix, nos projets se créent avec beaucoup plus de facilité et j’ai pris un réel plaisir à étudier dans ce domaine.

 

Comment tu es devenue éducatrice spécialisée ?

Après avoir obtenu mon diplôme d’état en octobre 2018, j’ai souhaité partir un mois en Guadeloupe pour décompresser un peu du travail qui est intéressant, certes, mais tout de même intense. La dernière année à été longue et pendant que mes amis profitaient de l’été et du soleil au bord du lac d’Annecy, je devais finir mon mémoire dans les temps.

Je suis revenue pleine d’envie de pouvoir enfin mettre en pratique les connaissances que j’ai pu acquérir tout au long de ma formation. J’ai donc postulé sur un poste d’éducatrice spécialisée au sein d’une association accueillant des mineurs isolés étrangers.

L’entretien a été long et plusieurs candidats ont postulé. Je me disais donc qu’avec mon manque d’expérience et mon jeune âge, j’allais de nouveau devoir me plonger dans mes recherches d’emploi. Et pourtant, mon profil a été retenu et je suis sur ce poste depuis deux ans déjà.

 

Tu travailles sur quel type de projet et avec quel type de personne en ce moment ? C’est quoi ton métier concrètement ?

L’objectif du service dans lequel je travaille vise à fournir aux jeunes un environnement sécurisé et des conditions de vie décentes. Également, rendre les jeunes acteurs de leur projet de vie en élaborant une prise en charge éducative adaptée à la problématique des mineurs. Enfin, permettre aux jeunes, lors de leur passage en France, d’acquérir un bagage qui leur sera utile quelle que soit leur situation administrative.

Concrètement, mon métier consiste à accompagner les jeunes jusqu’à leur majorité vers l’autonomie. Pour cela, il est nécessaire de pouvoir créer une relation de confiance avec le jeune afin que l’on puisse travailler avec lui autour d’un projet qui sera propre à ses besoins et objectifs. Notre accompagnement passe par la santé, la scolarité, la vie quotidienne, l’administratif ou encore par un travail d’intégration et de prise en compte des réalités.

Les difficultés que nous sommes amenées à rencontrer dans ce métier peuvent être multiples mais pour ma part, elles concernent les émotions. En effet, nous sommes des êtres humains et avec n’importe quel type de public, il n’est pas toujours facile de rester neutre et d’éviter de montrer ce qui nous touche particulièrement pour rester dans une posture professionnelle.

Également, les objectifs que l’on fixe avec la personne ne sont pas toujours atteints et il faut être capable de se remettre en question sans pour autant porter toute la responsabilité. N’oublions pas que les travailleurs sociaux sont là pour accompagner mais pas pour faire à la place.

 

Et plus tard, on fait quoi ?

Plus tard, tu peux devenir chef de service ou formatrice (à partir de 5 ans d’expérience). L’avantage de ce métier est que tu peux assez facilement changer d’association et découvrir des publics diverses et variés, ce qui pourra te donner l’impression d’en apprendre toujours davantage et de ne jamais faire la même chose.

Actuellement, je ne me vois pas ailleurs que sur le terrain et directement en lien avec le public. Les missions d’un chef de service sont évidemment toujours tournées vers le bien-être des personnes et la résolution de problèmes et conflits mais actuellement j’aspire plutôt à pouvoir répondre aux besoins et objectifs d’une personne en l’accompagnant au quotidien.

En revanche, j’apprécie transmettre les savoirs et donner des conseils notamment aux nouveaux collègues ou stagiaires que l’on accueille. C’est pourquoi, dans quelques années, je pense que je ferais les démarches et mises à niveau nécessaires pour devenir formatrice du diplôme de Conseillère en Economie Sociale et Familiale.

 

Un conseil à donner aux jeunes (et moins jeunes) qui cherchent leur chemin ?

Si j’ai un conseil à vous donner c’est de ne surtout pas vouloir se précipiter et ne pas culpabiliser d’un changement d’orientation. Ne prenez surtout pas cela comme un échec mais plutôt comme une réussite puisque cela t’emmèneras forcément à éliminer des secteurs de travail et arriver, au fur et à mesure, vers ce qui te passionne.

En ce qui me concerne, le fait de passer du marketing au secteur social est un choix que je ne regretterais jamais !